Blog et textes
L'automne dans les textes...

" La première pluie " de Camilien Roy (éditions Perce-Neige)
"L’automne, déjà confortablement installé, avait recouvert le flanc des montagnes de rouge, d’orange et de jaune. Seuls quelques groupes d’épinettes et de pins isolés étaient restés indifférents aux changements de température. Dans les accalmies de la rivière, aussi grise que les nuages, on voyait flotter par centaines des feuilles multicolores que les grands vents, avec insolence, avaient arrachées aux arbres. Presque silencieux, le train avalait les rails qui se tordaient pour suivre le cours de la rivière. Réveillés par cette lumière avare qui se glissait lentement dans le wagon, les quelques passagers qui étaient encore couchés se retournaient péniblement sur leurs sièges, cherchant à prolonger une nuit de sommeil trop courte. "
"Autumn" de Philippe Delerm
"L'automne est descendu sur le parc de Cheyne Walk. Les arbres ne sont plus des arbres. Infinis dégradés de tous les ors, de tous les roux, de tous les flamboiements secrets gagnés par l'ombre et le poids du passé. Comme la toile peinte d'un décor de théâtre, ils se confrontent avec la fin du jour. Octobre, le mot est doux à boire et triste comme un vin de mort, si riche encore du parfum de la vie. Feuilles d'ambre de Cheyne Walk, rousseur de chevelure immense déployée sur le pavois du souvenir. Femme le parc, femmes les feuilles de papier, femme la terre et l'odeur douce amère après la pluie, femme la mémoire. Dans la pénombre, un paon au bleu soyeux de Moyen Age s'éloigne au long de l'allée silencieuse."

"Et le temps court... de Audrey Nique
Comme un feu écarlate,
Une feuille vole,
Vole au gré du vent.
Une feuille acrobate, vieillie par le temps.
Un peu folle, un brin fine,
Amaigrie par les ans
Et qui finit sa course
Lentement, lentement…
Et le chêne la regarde
Un peu triste et dolent,
Amolli par l'automne,
Appauvri de ses glands.
"Adieu mon amie !"
Entend-on en murmure, murmure…
"Adieu ! Et repose en paix…"
Et le souffle du vent l'emporte loin,
Au loin…
Et la course du temps
Se termine en chagrin.
Un chagrin si frêle,
Impalpable et silence.
Celui de la chute,
D'une feuille d'automne…